Les poèmes de nos membres

Chloé Charpentier :

Je cours dans le désert et je n’ai plus de souffle,
je cours pour t’annoncer que le monde est tombé
au fond de l’univers, et que pour l’enjamber,
nous n’aurons jamais que l’espoir menu qui souffle

sur nos âmes creuses. Je cours dans la poussière
du sable et de la terre, et les faces nimbées
des saints et des anges demeurent bouche bée,
car je cours en riant au désert de misère.

Je cours à ma perte sans porter de prière :
j’ai les mains vides mais mes yeux sont teintés d’or ;
je cours à ma perte et j’aurai choisi mon sort,
j’aurai perdu mon corps à l’user de lumière.

Je cours et mon regard est sans ciel nébuleux.
L’aurore est sans retour, j’ai vu le Soleil bleu !

***

Stéphane-Emmanuel Clerc :


Echelon après échelon,
je monte,
je gravis cette échelle dont je ne vois pas la fin,
dont je ne vois plus le bas.

Je fais fi de cette peur
de tomber
qui m'a toujours caractérisé
mais je monte.

Sans choix.
Sans volonté de le faire
mais obligé de le faire
pour une raison que j'ignore ou que j'ai oubliée.
J'essaye de ne pas regarder
en bas
car cela pourrait me tenter
de relâcher
ma prise
sur les échelons que j'agrippe.

J'ai regardé une fois
mais mes pieds ont glissé
et j'ai pu
observer mes chaussures
tomber infiniment
pendant
de longue secondes,
jusqu'à ce qu'elles disparaissent
de ma vue.

Mais je ne sais pas si elles ont atteint le sol
ou si elles tombent encore.
Son nom
résonne dans ma tête
comme une pulsation sans fin qui
me tétanise et me détruit
à chaque fois.

Mais j'avance,
échelon après échelon.

Son visage apparait
comme
un filtre devant mes yeux.

Même s'il n'y a rien d'autre
à voir
que l'infini,
son visage
transforme mon sang
en flots du Styx contenant
d'innombrables lames
de rasoir.

Son odeur me revient comme
un souffle qui me pousserait
à tout
lâcher.

Mais j'avance,
échelon après échelon.

Mes doigts glissent.

Les échelons s'évadent
sous mes pieds.

Mais j'avance,
échelon après échelon.

Personne ne voit ni ne perçoit
mes difficultés.
Certains me jugent et exigent
de moi que je
souris et sois "bon et gentil".

Certains me reprochent de montrer
ma peine.

Mais j'avance,
échelon après échelon.

Parfois, je m'arrête
un moment car
je ne peux plus.

Mais il faut bien que
j'avance
même si je ne sais pas
ou plus
la raison qui m'oblige à la faire.

Je lâcherai peut-être un jour
quand l'absurde de la situation
aura fini de me lasser.

Mais j'avance,
échelon après échelon.


***

Paul Guignard :

Pchit
SPOK !
- Retire !
SPOK !
- Papa retire !
SPONK !
« Partir ? Pourquoi pas ?
Ha je sens le sapin qui vient, qui vient, qui vient ! »
- TIIIIRE !
PIICHHHHHHHHHHHH…
(PPFFOOUU…) Sortir…
Pas le pas du martyr
- TIRE !
- SPLATCH ! – DONG !
(PPFFOOUU…) Vire …
Virer, Virer, Virer de bord.
DING – DONG !
DINGDONG !
DINGDONG ! DINGDONG ! DINGDONG ! DINGDONG ! DINGDONG !
J’ARRIVE !! UNE MINU TTTTE !!
PAN !
« Je l’entends qui expire ! »
PAN ! PAN !
« AH ! Mort ! AH ! »
(PPFFOOUU…)
(Soupir)
- Papa ?

(Silence).
- Papi ?

(Silence).
- Granny ?
- Ton papi est parti à la guerre.
- Papi… Prit ?
- Que nenni !
- C’est un brave !
- Oui, « c’est un militaire ! »
PCHIT !
C’est aujourd’hui encore le doux chant du départ
C’est le chant de mes pneus qui se dégonflent (aussi !)
C’est le chant du médoc propre à toutes thérapies
Et celui du champagne, (qui maintenant se fait rare !)
HIK !!
PCHIT, et puis c’est fini
PCHIT, et puis je me barre.
PIICHHHHHHHHHH…
Il s’est endormi…
Quel loir !!
FIN.


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