jeudi 24 janvier 2013

Lèvres à petits pas en toute nudité...


Les poètes de ce lundi 14 Janvier se sont réunis autour de textes de Jean Perret, un poète et dramaturge français né en 1924. Le recueil Au hasard de l'homme, publié en 2003, a fait débat autour de la table, départageant partisans de l'alexandrin et partisans du vers libre, poètes cueillant l'amour et poètes déversant du désherbant sur les fleurs bleues ! De ces confrontations est même née une tentative de définition de la poésie : récit cadré par des règles définies par nos ancêtres les Classiques, ou expression poétique libre et libérée ? Au fond, cette liberté n'appartient-elle pas au poète, seul juge de classer sa création dans les tiroirs d'un genre ou de l'autre ?

L'atelier d'écriture s'est lancé comme thème : "Lèvres à petits pas en toute nudité", alexandrin perdu dans une vague de vers libres, ou bien alexandrin trônant parmi d'autres vers libres.

Théo :

Mots de peur, qui boitent,
Qui nus
d'un râle sourd crèvent ;
            Silence.
De lèvre à lèpre, des croûtes en plus,
Rien rien d'autres ; seul l'air.
Un mal. La peau se fait miette,
pain sec et peine.
Bouches de cadavres sèches,
cris, dictions sombrent
            Poteries de faïence.

Alisson :

Livre : trois fois rien,
Ou continuer un peu ?
Ivre, de rien
Mais espère pour deux.
Continuer le chemin,
Si tu veux.

Joseph :
               Ô Lèvres apprivoisées !...    
 Lèvres d'un rouge exquis, inspirant des chimères ;
- Ô bouche de carmin, captivant les trouvères
Qui chantent éperdus les langues de l'amour,
Dans la ferveur des nuits et la beauté des jours.
Lèvres des mots savants, qui bercent les charmeuses ;
Lèvres criant de joie, et lèvres endormeuses !...
Ô lèvres murmurant leur tiède intimité :
Lèvres douces du soir, portant la charité.

Chloé :

Lèvres à petits pas en toute nudité
Qui s'en vont titubant aux plis de notre chambre
Où tout demeure mort, quand tout est agité.
Lèvres à petits pas pris dans les cailloux d'ambre,

Lèvres dans la nuit, qui deviennent clarté.
Sous la pâleur lunaire en un mois de novembre,
Celle qui prend à l'ombre un reflet éclaté,
Lèvres à petits pas dont flagellent les membres,

Qui se heurtent au vide d'un corps habité.

Mathieu Olmedo:

Je suis dans ta vie, je suis dans tes bras.

Eh! Page falote, vois mes mains encerclées
De la révolte, des mages qui trottent dans ma hotte.
Le pas franchi, voilà qu'arrive leur marotte
Poésie! Poésie!

Poésie, belle sonnette quand elle connote,
Affreuse esthète dans la cantate.
Les bottes, bottes muettes,
Avancent, 
Allaitent de ternes voix
Vers une tante,
Prophète et dissonante.
Alors les rois, en dilettante,
De pire en pire contemplent
De l'Epire au Pirée,
Les nobles aèdes et à leur suite,
Leurs fidèles sbires.

Mais de douze pieds alors elle manqua 
La bonne chérie, 
Se faisant de la poésie l'ayatollah, 
Une Sympathie qui fit de la folie la fille du trépas.

Sur ce radeau pétri de gaz
Elle emporta la flamme des classiques
Dans l'air de ces chansons qui sur la frise
Des notes nazes fendent la brise.

Les mots là bas défient alors les extases
Et Claude François s'empare dans sa biture

La  main dextre, 
La tête en friche,

De la métrique grecque, à l'hémistiche.
Coupant en brique les syllabes 
Parfumées d'alambic à la césure 
Il  sépara deux ports sans vie
Alexandra,
Et puis Alexandrie.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire