jeudi 24 janvier 2013

Poésie, tout simplement


Hier étaient à l’honneur Paul Géraldy et Jacques Prévert. Jacques Prévert pour ses poèmes de guerre et d’amour, de fausse simplicité, et Paul Géraldy pour ses poèmes d'amour théâtralisé(s). Vision du monde extérieur contre foyer, Paroles et Toi et Moi.
Un premier atelier s'est donné pour objectif de créer des poèmes à partir du quotidien, en essayant de conserver une écriture prosaïque.

Théo :

Hahahahahahaha !
J’en ai plein le dos
Mais j’adore tous ces pendus
ballotent et. On s’en fiche.
Manteaux et pacotilles
écharpes de cercle de roc de Sarde.
Ils se frottent ces foutus étrangers sur ma tranche
Ma gueule de bois
Ca les rassure.
J’étouffe !
Ouvrez-moi prenez ma tête laissez-moi telle.
Aride air
Crache ta suie crache pluie à plat
à ma face mes fesses fissures
Je suis la sortie.



Bent :

La cafetière abuse de moi
elle m’oblige à la manipuler et boire ses…
Elle abuse de moi, je vous le dis
bien que ce fus moi en premier
celle qui l’ai branchée
je n’ai plus de cesse
tous les matins et à midi
parfois même les soirs
seule ou avec les autres
je les paie ses petits plaisirs…
Au moins c’est expresso
Je me couche,
je veux mourir
je ferme les yeux
je n’y arrive pas.



Florian :

Tes mains sur mon col
Ta main sur mes hanches
Mes hanches d’airain
Mes reins de porcelaine
Je suis chaude au-dedans
mais froides à tes doigts
Et j’ai l’odeur du café
Tu y vois les blessures, les raclures qu’on t’a faites
Je te réveille, te réconforte, te réchauffe
J’apprends les caresses de ta langue
Mais aujourd’hui je la brûle
Tu trépignes, tu fulmines, tu hurles
Et
Voilà tu me jettes et me casses
Moi… Pauvre petite tasse.



Damien :

« Dans les choses, Dieu dort »,
dit le philosophe,
-Je les envie de leur calme,
quiétude, leur stable étoffe,
« Dieu est mort », dit un autre philosophe,
mais les choses s’en foutaient, s’en foutent encore
somnolence heureuse du bois, des pierres,
de mon verre qui m’attend,
patiemment, comme un ami taciturne,
mon briquet ne dit mot,
j’espère qu’il ne s’ennuie pas trop,
-ça fait longtemps que j’ai pas fumé…
-Suis-je une chose réveillée ?
J’en sais rien.
Mon sang,
mes os,
ma peau,
mon esprit
dorment, sommeil innocent,
parfois un rêve,
-comme le bois, les pierres,
mon verre,
mon briquet,
petits rêves d’ailleurs,
d’autrefois,
un peu de lumière.




Paul :

Un petit souffle,
Un petit souffle sur une bulle,
Une petite tache sur mon pull
Et cette bulle qui fait de l’esbroufe
Et qui se barre et ça me bouffe.
Pourtant… Toute mon enfance est là.
Petit stylo que je bouffe
Allégrement, tendrement, gentiment,
Petit stylo qui m’a sauvé la vie, par moment,
« Ecrire pour ne pas mourir », disait Anne Sylvestre.
Et elle avait raison.
L’un fait des bulles,
L’autre fait des chansons,
L’un me tire vers l’enfance,
L’autre vers ma raison.
Faiseuse de bulles perdues au fond d’un tiroir
Petit stylo dont j’ai bouffé le réservoir
Bulles multicolores, taches d’encre…
Foutu stylo Bic qui ne veut pas marcher !
Un peu comme moi, en fait…
Comme épitaphe,
j’aimerais qu’on écrive :« A très bientôt, profitez bien ! »
Et que l’on souffle des bulles,
Et que l’on fasse la fête jusqu’au lendemain.
« Je fus toujours celui qui souffle… Et qu’on oublie. »
Adieu petit stylo, adieu tous mes amis !
Puissiez-vous être heureux toute votre vie !
Faites faire à vos enfants des bulles
Et écrivez, toujours, sans peur d’être vain,
Sans peur d’être nul ;
Ecrivez ! Vous vivrez bien !




Chloé :

Marie-Trottoir
Marie-Trottoir
au coin de ma rue,
ne veux-tu pas te rhabiller ?
Non ! non ! Marie ! Est-ce ainsi qu’on t’a élevée ?
Que dirait ta mère ?
Que dirait ton père ?
Remets ta jupe et ton manteau,
c’est que tu ne crains rien, idiote, dans ce bouge !
Tes lèvres trop rouges,
à qui sourient-elles ?
Marie-Trottoir, dis-moi,
pour qui tu te fais belle ?
Ah oui, c’est vrai,
il y a une place sous ton parapluie
pour tous les chiens du quartier
que tu promènes dans la nuit.
Mais dis-moi, Marie-Trottoir,
Marie-toujours-prête,
ne veux-tu pas te rhabiller ?
Tu es comme tu es, dans cette impasse,
et tu me fais oui de la tête,
en me disant dans le noir,
en roulant les r,
que toi tu es moins chère,
eh oui, chéri, trente balles la passe.




Mathieu :

Le sadisme en littérature combat la poésie,
L’alcool joue les trouble-fête.


Mon vers de rien est un objet du quotidien
Une verre de vin
Un verbe latin
Mon cœur atteint est un objet du quotidien.
Mon leurre dépeint
Mon beurre matin
Ce gâteau tiens, un bourré du quotidien !
Ce texte feint
Ce reste hautain !
Chloé : -C’est l’autofiction qui parle de rien ?
Tu crois que c’est ça ?
-Oui, tu aimes bien ça, le moi, le moi, le moi !
-Hein t’aimes ça toi l’autofiction ! Dis que t’aimes ça
Y parlent de moi et moi de toi ?
Géraldyne, Bent, Théophile,
Des moins-que-rien !
Des grosses putains
Et toi Snyder, ton cyprès tu crois qu’il est bien ?
Oh oui t’aimes ça toi les cyprès, hein Damien, t’aimes ça toi les cyprès !
Et Paul il est chou ton baratin ?
Tu échoues grand comédien.
Quant à ceux qui m’entourent, ils valent rien.
C’est des tordus des bons des bons des bons
t’aimes ça toi les bons, les bons poèmes
du quotidien…




VOUS ALLEZ VOIR CE QUE VOUS ALLEZ VOIR…

Ecritures de quatre à six mains.


Mathieu et Paul :

-Un handicapé à quatre mains
Veut aller voir ce que vous allez voir
-Un poète à quatre yeux et quatre seins
Vous allez voir ce que vous allez voir-
Deux pervers, des prés verts, des mots dits, des tôt dits
Des paroles
-Des poètes ?
Des prophètes ?
Pros, fêtes ! Prose en fait
Vous allez voir ce que vous allez voir.
Deux cerveaux, des airs fins, mais fiers…
-Un désert de paroles, paroles et paroles…
Au 69 rue de mon désert, à quatre rues de ma maison
-A quatre rues de sa maison.
De la provocation
-Vous allez voir ce que vous allez voir
De la prostitution
-Du sexe, des sextasyllabes, du sexe dans la syllabe
-Du Paul qui baise !
Du Paul qui phrase
-Des vers de braise
Pour une extase
-Vous allez voir ce que vous allez voir ?
Vous voulez voir Mathieu qui mate ?
-Mathieu qui tâte
Ou un poème à plusieurs pattes ?


Damien, Théophile et Chloé :

Chut ! Attendez un instant, ça arrive !
Le rideau rouge-sang de la tragédie se lève.
Les yeux se tournent vers l’intérieur…
Tellement tournés qu’ils ne sont plus que deux globes blancs
Au fond desquels Electre accouche d’Œdipe qui vomit Néron-
mais qui est-ce qui les voit ?
-Freud, pardi !
Il a la barbe qui frétille ce vieux pervers,
-et le drame naît dans l’œil du spectateur…




Bent et Florian :

Vous allez voir ce que vous allez voir
Ou pas
Un tout petit pas
Juste pour voir
Si l’on s’arrête
Qu’on pose les yeux
A nos pieds
Voilà qu’ils roulent
Et le monde
Entame sa rotation
A tous petits pas
Alors eux vont voir
Ce qu’il y a peut-être à voir
Mais que vous vous n’allez pas voir
Car votre tout petit pas
Les éclata
Sur le trottoir.

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